« Baby gender cake », pour un français moyen en anglais (moi y compris), ça veut dire à peu près : le gâteau du genre de mon enfant.
Vous comprendrez que, recevant une invitation pour une « baby gender cake party », je me suis un peu trouvée interloquée devant un tel intitulé. Non contente d’être enceinte de 5/6/7/8 mois, (rayez les mentions inutiles), ma copine Augustine me conviait à une réception totalement inconnue de mes services secrets. Je m’inquiétais donc de son état de santé mentale et c’est un peu sur mes gardes que je sonnais à sa porte à l’heure et au jour convenus, après avoir pris soin d’appeler ma baby sitter adorée.

Dans un décor de Charlie et la Chocolaterie, où Johnny Depp serait daltonien, tout, absolument tout, était rose ou bleu. Des rideaux au canapé en passant par les chaussettes de ma voisine (une rose une bleue) et la déco de table. Je me sentis tout à coup très légèrement décalée avec mon look qui n’avait, ce jour-là, rien à envier à l’héroïne de Millénium…« Non, Aug, tu n’as pas mis de dress code sur ton carton, non, tu n’as pas précisé… » Cela pouvait durer longtemps, j’ai jeté l’éponge et me suis tournée vers ma voisine qui, elle non plus n’avait pas suivi tous ses cours d’anglais au lycée et qui s’affichait pin up années 60 sans vergogne, choucroute à la BB, décolleté Marilyn.

Pour que telle mésaventure vous soit épargnée, je m’en vais vous décrypter la dernière tendance up to date tout droit venue des States. Le « baby gender cake party », c’est une déferlante absolue qui va tout emporter sur son passage au pays des futures mamans.

« On avait dit pas de blague… »

Venu des Etats Unis, ce tsunami rose et bleu consiste à convier ses copines pour que tout le monde découvre ensemble le sexe de l’enfant à venir. On aura pris soin de faire faire une échographie par son obstétricien préféré, on lui aura demandé de consigner dans une enveloppe dûment scellée le sexe de l’enfant. Puis on aura confié cette enveloppe (non, on ne triche pas, on ne l’ouvre pas à la vapeur, ce n’est pas du jeu !) à une amie dévouée et pleine d’idées ou à un professionnel qui organisera la party de la façon suivante : il lui faudra confectionner un gâteau recouvert d’un glaçage blanc ou jaune ou vert ou de n’importe quelle couleur sauf rose ou bleu.

Car la couleur du bébé c’est dans le ventre du gâteau qu’on la cache, dans une génoise rose ou bleue, qui sera entièrement cachée par le glaçage. Et là, tadaaaaaaaaaaaam, quand on coupe le gâteau en question, Oh My God (OMG, disent les américains), la future maman et ses invitées découvrent le sexe du futur bébé. Tout le monde s’embrasse, tout le monde se congratule, Bree avale sa douzième coupe de champagne, je me sers un Bloody Mary, on offre les cadeaux. Celles qui, incorrigibles, ont pris les paris se font payer en douce, on met de la musique (j’ai offert le disque « rockabye baby »), et on commente abondamment la nouvelle.
Quand je rentre chez moi, sur le coup de 20 heures, j’ai comme un vague à l’âme… Un truc qui m’colle encore au corps et au cœur… Pourvu que ce soit toujours la mode des « baby gender cake parties » quand ça sera mon tour…